Pablo Trincia présente sa série documentaire sur Denis Bergamini : "Un travail compliqué mais nécessaire" ;

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Ce travail était-il difficile ?
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“Entrer dans des affaires comme celle de Denis Bergamini est très difficile parce qu’il s’agit évidemment d’entrer dans un monde complètement nouveau, une affaire complètement nouvelle dont je ne savais rien ou presque. Lire tant de documents, écouter des heures d’audio, regarder des heures de vidéo, interviewer des gens, poser un millier de questions est toujours très complexe, mais je veux dire nécessaire. Raconter une histoire, c’est étudier, c’est aussi essayer de comprendre des choses que l’on ne connaît pas, en l’occurrence la médecine légale ou la dynamique, les accidents… ; cest fatigant, mais cest nécessaire et cest utile𔄭 ;.
À quel point était-il compliqué de trouver des personnes prêtes à parler ?
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“C’est l’une de ces histoires où l’on a tendance à penser que ceux qui ont parlé ont parlé et qu’il est difficile pour quiconque d’autre de se manifester, alors j’espère vraiment être surprise du contraire. C’est une affaire dans laquelle la peur de parler des protagonistes a beaucoup dominé. De nombreux témoins se sont manifestés des années plus tard avec beaucoup de réticence, ils ont lutté. C’est une histoire qui fait peur et il n’y a donc pas vraiment de désir de s’exposer. Je suis sûr qu’il y a quelqu’un d’autre qui est passé par là et qui a vu quelque chose d’autre de ce terrain, mais je doute que cela sorte un jour à ce stade” ;.
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La sœur de Denis a joué un rôle clé avec ses témoignages : qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez elle ?
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“Ce qui m’a le plus frappé chez Donata Bergamini, c’est son sang-froid. C’est une personne qui parvient à maintenir un détachement émotionnel fou par rapport au drame qu’elle a vécu et qu’elle a senti à fleur de peau. J’ai compris qu’elle le fait parce qu’elle a un but, qui est de rétablir une vérité judiciaire pour son frère, dont le nom a été sali de toutes les façons, et donc elle ne regarde personne en face et donc elle ne se laisse pas ballotter à gauche et à droite par les émotions, mais c’est quelqu’un qui tire vraiment droit. Je n’ai jamais vu cela chez personne, mais c’est une femme qui a souffert pendant 35 ans, elle est donc manifestement très endurcie. Elle a été très coopérative et sans elle, nous n’aurions pas pu faire ce travail” ;.
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Les témoignages des coéquipiers de Denis ont-ils été d’une grande aide ?
“Les coéquipiers de Denis, en particulier Michele Padovano, mais aussi Gigi Simoni, ont été d’une aide inestimable parce qu’ils nous ont raconté ces toutes premières années à Cosenza, certains détails sur leur coéquipier, mais aussi l’histoire du jour même de sa disparition, ce qu’ils ont fait peu avant, son attitude dans la salle, son changement d’humeur soudain lorsqu’il est parti. Toutes ces choses nous ont beaucoup aidés parce qu’elles ont enrichi l’histoire avec différents points de vue et elles étaient vraiment précieuses, vous pouvez voir qu’il y a cet attachement fort même après une si longue période, à la fois avec Denis Bergamini et avec l’équipe elle-même, l’idée de ce Cosenza Calcio qui avait fait rêver une ville” ;
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